1° Comment les différentes sciences abordent-elles la question de la durabilité, existe-il des différences importantes entre les sciences sociales, les sciences de l’ingénieur, les sciences de la vie et de la terre ?
Est-ce que les sciences sociales portent une vision unanime et universelle de la durabilité ou doit-on distinguer les sciences économiques (et leur approche en termes de durabilité faible et durabilité forte) des sciences de la communication ou des autres sciences sociales (géographie, sociologie, anthropologie…). Ce premier thème entend proposer un recueil des représentations sur la durabilité et initier des débats autour d’une approche interdisciplinaire ou transdisciplinaire de la durabilité.
2° Quels sont les dimensions et les thèmes qui incarnent ou au contraire échappent au discours sur la durabilité ?
On pourra s’interroger ici sur la portée et la signification d’une culture durable, d’une gouvernance durable, d’une démocratie durable, d’une agriculture durable, d’une économie durable… Ce deuxième thème soulève également la question des nouveaux champs de la durabilité (l’agriculture urbaine, les villes durables, l’éducation à la durabilité, la mobilité durable…) ou des mesures reflétant une certaine idée de la durabilité (revenu universel, monnaie complémentaire, territoires zéro chômeurs…).
3° Quels sont les paradigmes qui incarnent aujourd’hui l’idée même d’une durabilité forte ?
Par paradigme, nous entendons ici une représentation du monde ou une manière de voir les choses qui repose sur une matrice disciplinaire, un modèle théorique, un courant de pensée, voir un ensemble de pratiques dites citoyennes. Doit-on positionner la durabilité forte au niveau de paradigmes dits alternatifs, tels que l’économie sociale et solidaire, l’économie collaborative, l’économie du partage, l’écodéveloppement, le courant de la décroissance, le courant de la complexité, le Buen vivir, l’économie écologique, l’écologie politique, l’écologie industrielle, la bioéconomie… ou faut-il plutôt y voir le simple retour des utopies face à l’idéologie de la croissance et du progrès technique ?
4° Quels sont les modèles, les méthodes et les outils scientifiques qui laissent une large place à la durabilité forte ?
Cette dernière renvoie à la modélisation des systèmes complexes et dynamiques. L’approche systémique ou encore la dynamique des systèmes sont souvent présentées comme des méthodes adéquates pour appréhender la complexité des systèmes (boucles de rétroaction, prise des effets temporels et des délais) et la durabilité au niveau global (à l’intérieur des limites du système étudié). Des outils tels que l’analyse du cycle de vie, les matrices input – ouput, les cercles de soutenabilité sont également mobilisés dans les sciences de l’ingénieur et les sciences sociales afin de circonscrire la notion de durabilité. Enfin, une nouvelle génération de modèles, tels que les modèles d’intégration assignée proposent d’intégrer à la fois des questions énergétiques, économiques, climatiques, environnementales (qualité de l’air, biodiversité…) afin de suggérer au décideur politique, des stratégies d’atténuation ou d’adaptation. En quoi ces modèles s’inscrivent-ils ou non dans une logique de durabilité forte.
5° Quels sont les scénarios à l’horizon 2025, 2050 ou 2100 qui incarnent le plus l’idée même d’une durabilité forte ?
Faut-il voir dans les scénarios du type croissance illimitée, état stationnaire, décroissance ou effondrement, une manière de penser (ou pas) la durabilité ? Quelle place doit-on donner aux scénarios dit utopiques (le 100% énergies renouvelables) et décrivant ce que nous souhaiterions pour le futur face aux scénarios dits pragmatiques (le mix énergétique) et incarnant une transition énergétique ? Est-ce que finalement l’idée même de transition ne nous éloigne-t-elle pas d’un schéma de durabilité forte ? Elle pourrait même passer pour un abus de faiblesse, distillé par des lobbys qui ne sont pas prêts à faire les changements radicaux et nécessaires pour basculer dans une société du mieux vivre.
6° Comment financer cette durabilité ?
Si les Etats et les grandes institutions internationales investissent dans les énergies renouvelables, l’agriculture biologique, les bâtiments à énergie positive, les mobilités durables, se pose aujourd’hui la question du mode de financement de ces actions et ces stratégies. Les taxes et les subventions (et plus généralement la fiscalité), les dépenses publiques (au niveau national ou européen), la réforme des marchés financiers… ou encore la mise en place d’une politique monétaire active pourraient être autant d’outils engageant nos sociétés vers plus de durabilité.
7° Comment évaluer la durabilité ?
Cette dernière est souvent mise en tension, entre discours scientifique, débats politiques et pratiques de terrain. Une évaluation de la durabilité soulève un ensemble de questions et d’enjeux : Qu’est ce qui peut être évalué (au sens des objets de la durabilité) ? Qui peut évaluer (au sens de l’expertise) ? Comment évaluer (au sens des procédures, des méthodes et des indicateurs) ?